Il transportait plus de deux millions d’euros de drogue : le tribunal de Rodez le condamne à cinq ans de prison

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  • Une belle prise pour les douaniers millavois.
    Une belle prise pour les douaniers millavois. Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Une "mule" un peu particulière…

Chemise blanche boutonnée jusqu’en haut, gilet cintré par-dessus, lunettes aux larges montures, cheveux soignés et coiffés en arrière… Pour son procès devant le tribunal correctionnel de Rodez, ce jeune détenu belge, incarcéré depuis le 19 janvier dernier après avoir tenté de franchir le viaduc de Millau avec 650 kg de pollen de cannabis à bord d’une fourgonnette faussement immatriculée et sérigraphiée "fruits et légumes", s’était mis sur son 31. Et son apparence n’était pas la seule caractéristique singulière de cette "mule" un peu particulière. Bien loin du profil des chauffards de l’Est, souvent criblés de dettes, qui garnissent les audiences de la juridiction aveyronnaise après s’être fait arrêter par les douaniers de l’A75.

Le seul CV du Bruxellois détonne déjà : diplômé en études supérieures de marketing et commerce, il a fait ses gammes dans diverses concessions automobiles. "J’ai commencé à Toyota puis je suis allé chez Mercedes, c’est un autre niveau : je vendais des véhicules à 400 000 €, vous voyez !", se félicite-t-il, tout en se décrivant comme un employé "modèle".

Il envoie un poème à la juge !

Il s’exprime d’ailleurs parfaitement. À l’oral, comme à l’écrit. Parfois avec un peu trop de passion, comme dans ce poème envoyé de la maison d’arrêt de Druelle à la juge du jour, Geneviève Boussaguet. Dedans, il lui assure qu’il est un « homme au cœur géant", lui demande de "le traiter comme une maman avec son fils", pousse jusqu’à demander "une lueur dans une nuit sombre". Tout cela signé d’un… Cœur !

"Je n’avais jamais vu ça, je crois", dira la présidente de l’audience, pas vraiment sensible au geste. Et préférant se concentrer sur les faits. Comment ce jeune homme, semble-t-il bien sous tous rapports, a-t-il pu devenir un convoyeur de drogue ? Lui l’explique par des menaces reçues, à la suite d’une dette de plus de deux millions d’euros contractée par son ancien employeur, à la tête d’une entreprise de location de véhicules. "Il s’est enfui et on s’en est pris à moi. J’ai été trop naïf", raconte-t-il. Il dira alors avoir accepté plusieurs voyages vers l’Espagne puis la Belgique en retour. Pour la procureure, Émilie Passier, cela ne tient pas vraiment…

"Mocro Maffia"

"On ne confie pas 600 kg de drogue à un jeune homme naïf", assure-t-elle, évoquant un certain rapprochement entre le prévenu et la célèbre "Mocro Maffia", du nom de l’organisation criminelle à la tête aujourd’hui d’un des plus grands trafics entre le Maroc et les Pays-Bas. Le jeune belge est d’origine marocaine, parle couramment l’arabe comme trois autres langues et a surtout travaillé pour des sociétés opaques basées aux Pays-Bas… En conséquence, elle a requis une lourde peine à son encontre : sept ans de prison. "Il faut désormais envoyer un message, ne plus être laxiste comme nous avons pu l’être par le passé. Le trafic gangrène nos pays", s’est justifiée la représentante du ministère public.

Un million d’euros d’amende douanière

Beaucoup trop pour l’avocat de la défense Me Cyril Caron du barreau de Montpellier. "Ce n’est que de la chair à canon, qu’un pion ! Je n’ai jamais vu un homme dans la hiérarchie du trafic conduire lui-même un convoi rempli de drogues. Ne faisons pas de ce jeune, qui possède toutes les qualités pour se réinsérer, un exemple en pensant qu’un gros titre dans la presse changera la face du trafic ! Car au final, c’est le contribuable français qui va payer toutes ces années de détention alors que s’il repart dans son pays au plus vite, il travaillera… Son casier est vierge, il n’a jamais été connu pour une quelconque histoire liée aux stupéfiants", a-t-il plaidé, avec passion aussi.

Le tribunal a ramené la peine à cinq années de prison. Et l’interdiction de paraître en France durant dix ans à sa sortie de détention. Il devra en outre s’acquitter d’une amende douanière de… 1 million d’euros ! La marchandise saisie avait été évaluée à 2,5 millions.

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Les commentaires (1)
Jema Il y a 11 jours Le 26/04/2024 à 19:34

Et dire que si les gens n'achètent pas de drogue, il ne s'en vendrait pas.