Guerre Israël-Hamas : une évacuation massive commence à Rafah, pourquoi le pire est à craindre pour les civils en cas d’attaque terrestre ?

  • Un assaut terrestre est imminent sur la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
    Un assaut terrestre est imminent sur la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza. MAXPPP - Abed Rahim Khatib
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Nicolas Drusian avec Reuters

Des centaines de milliers de personnes ont fui les combats dans la ville de Rafah, la seule zone où l’armée israélienne n’a pas donné d’assaut terrestre.

L’armée israélienne a commencé l’évacuation des civils palestiniens de Rafah à l’approche d’un éventuel assaut terrestre sur la ville qu’elle considère être le dernier bastion du Hamas dans la bande de Gaza, a rapporté lundi 6 mai 2024 une radio israélienne.

Les évacuations ont débuté dans certains quartiers périphériques de Rafah et les populations civiles vont être dirigées vers des villes proches de Khan Younès et d’Al Mawassi, selon la radio. Au moins 100 000 personnes pourraient être déplacées.

L’armée israélienne a appelé les Palestiniens situés dans la partie est de Rafah à se déplacer vers une "zone humanitaire" proche.

1,2 million d’habitants ont fui les combats à Rafah

Les forces armées vont utiliser affiches, messages, appels et annonces dans les médias pour "encourager […] un mouvement graduel de civils vers des zones spécifiques".

L’inquiétude est grande dans le sud de la bande de Gaza, Israël ayant répété sa détermination à mener un assaut terrestre à Rafah, seule zone de l’enclave où les soldats de Tsahal ne sont pas encore intervenus au sol, en dépit des alertes de gouvernements étrangers et d’organismes internationaux sur la situation humanitaire et le risque pour les civils.

Depuis l’escalade du conflit en octobre 2023, des centaines de milliers de réfugiés ont fui le nord de Gaza pour s’abriter à Rafah. Une attaque au sol fait craindre le pire pour les civils à Rafah, où 1,2 million de personnes de personnes y ont fui les combats selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies.

Les négociations de trêve au point mort

Le Hamas a annoncé dimanche que sa délégation allait quitter Le Caire (Egypte) dans la soirée pour des consultations après une nouvelle session de négociations qui n’a pas permis d’enregistrer de progrès en vue d’une trêve dans la bande de Gaza, chacune des deux parties campant sur ses positions.

Une source informée du déroulé des discussions a déclaré à Reuters que les négociations étaient proches de "s’effondrer" et que le directeur de la CIA américaine, William Burns, avait lui aussi quitté la capitale égyptienne pour s’entretenir en urgence avec le Premier ministre qatarien à Doha. Les Etats-Unis et le Qatar vont exercer chacun de leur côté une "pression maximale" sur Israël et sur le Hamas pour qu’ils continuent à négocier, a dit cette source.

Selon deux sources au sein des services de sécurité égyptiens, les négociateurs du Hamas prévoient de revenir au Caire mardi 7 mai 2024 pour reprendre les discussions. Un responsable palestinien avait auparavant dit à Reuters que le Hamas était disposé à parvenir à un accord avec Israël, "mais pas à n’importe quel prix". "Tout accord doit mettre fin à la guerre et conduire au départ des forces israéliennes, or Israël ne s’y est pour l’instant pas engagé", a dit ce responsable qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat.

Benjamin Netanyahu a de son côté réaffirmé dimanche son opposition totale à une fin de la guerre à Gaza, martelant qu’une telle issue permettrait au Hamas de se maintenir au pouvoir et de continuer de menacer Israël. Il s’est toutefois dit disposé à une suspension des combats en l’échange de la libération d’otages encore détenus dans la bande de Gaza. "Mais si Israël fait montre de bonne volonté, le Hamas reste arc-bouté sur ses positions extrémistes, en premier lieu quand il demande le retrait de toutes nos forces de la bande de Gaza, de mettre fin à la guerre et de laisser le Hamas au pouvoir", a dit le chef du gouvernement israélien. "Israël ne peut pas l’accepter."

Le Premier ministre israélien s’est entretenu dimanche au téléphone avec le président français Emmanuel Macron, qui l’a une nouvelle fois exhorté à "mener à bien ces négociations qui pourraient conduire aux libérations d’otages, à la protection des civils par un cessez-le-feu et à la désescalade régionale", a fait savoir l’Elysée. "La France soutient pleinement les efforts de médiation en cours. Le destin des Palestiniens de Gaza ne peut pas être soumis plus longtemps aux menées terroristes du Hamas et les opérations israéliennes doivent cesser", a encore dit Emmanuel Macron, en réitérant son opposition à une offensive à Rafah, selon l’Elysée.

Toujours de violents combats à Gaza

La poursuite des pourparlers dans la capitale égyptienne n’a pas empêché les forces israéliennes de poursuivre leurs attaque contre la bande de Gaza, des avions de combat et des chars continuant de bombarder l’enclave, faisant de nombreuses victimes. Selon le dernier bilan en date communiqué par les autorités sanitaires de Gaza, plus de 34 600 Palestiniens ont été tués et plus de 77 000 ont été blessés depuis qu’Israël a engagé sa riposte à l’attaque commise le 7 octobre dernier par des combattants palestiniens appartenant en grande partie au Hamas.

Trois soldats israéliens ont été tués dimanche 5 mai 2024 par une salve de roquettes tirée par le Hamas en direction du point de passage de Kerem Shalom, au nord de la bande de Gaza, a déclaré l’armée israélienne. L’attaque a été revendiquée par les brigades Ezzedine al Qassam, branche armée du Hamas, qui ont dit avoir visé une base de l’armée israélienne située près de Kerem Shalom, et non le point de passage par lequel transitent des camions chargés d’aide humanitaire destinée à la population civile, dont les autorités israéliennes ont immédiatement annoncé la fermeture.

L’armée israélienne n’avait dans un premier temps pas confirmé que cette attaque avait fait des victimes dans ses rangs, comme des médias israéliens et palestiniens l’avaient rapporté. Elle avait indiqué qu’une dizaine de roquettes avaient été tirées depuis Rafah, dans le sud de Gaza, et qu’elle avait riposté en bombardant une maison située dans la ville à la frontière avec l’Egypte. Cette frappe a fait trois morts et plusieurs blessés, selon les services de santé palestiniens.

"Les tirs (de roquettes) du Hamas à partir d’une zone située près du point de passage de Rafah […] sont un exemple clair de l’utilisation systématique des infrastructures humanitaires par l’organisation terroriste", a dit l’armée israélienne, accusant une nouvelle fois le Hamas d’utiliser la population civile comme bouclier humain. Le gouvernement israélien menace depuis des semaines de lancer une opération terrestre de grande ampleur contre Rafah, qu’il présente comme le dernier bastion du Hamas dans la bande de Gaza.

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Les commentaires (1)
Palourde Il y a 12 jours Le 06/05/2024 à 11:53

Comment appeler çà une guerre ? Je ne citerais pas le mot qui me vient , pour ne froisser personne , mais je le pense fort ..